Esplanade des Hollandais : En souvenir de la « Bataille du rhum – 1674 »

📸 © Forces armées aux Antilles, Stéphanie Saussereau
Ce vaste espace à découvert est aujourd’hui un espace de rencontres et de réunions pour des évènements militaires ou civils, sous conditions.
Plusieurs structures type casemates rappellent sa fonction de zone tampon à la limite du front nord.
Le nom de cet espace : « Esplanade des Hollandais », perpétue le souvenir de l’attaque de l’Amiral Hollandais De RUYTER les 19, 20 et 21 juillet 1674.
Cette année là, Charles de Baas est Gouverneur Général des Isles (françaises) d’Amérique. Le Chevalier de Sainte-Marthe est lui, Gouverneur particulier de la Martinique. Il a ainsi autorité sur les défenseurs du Fort.
150 hommes occupent le Fort et font face à 44 navires ennemis soit près de 3000 hommes.
Le fort est alors armé de 13 canons côté carénage et d’une batterie à la pointe Sud. Côté baie, le rempart, bien défendu, est, pour les moyens de l’époque quasiment inaccessible.
Dans la baie du Carénage, quatre bateaux se sont mis à l’abri: «le Saint Eustache», une flûte(1) de Saint-Malo (gros navire de charge réservé au transport du matériel et des munitions); « le Notre Dame » et « le Saint Joseph », deux navires marchands provençaux, et la frégate royale «les Jeux», commandée par le Marquis d’Amblimont.
Pour interdire l’accès à la Baie du Carénage (côté Port), les deux bateaux provençaux se sabordent dans la passe et les matelots rejoignent les soldats et miliciens(2) au Fort.
Une première fois repoussés à l’entrée du Carénage, les navires hollandais se retirent dans l’Anse Vassor (actuel embouchure Levassor) et débarquent leurs hommes.
Un second assaut terrestre est repoussé. Les assaillants se regroupent sur l’esplanade (actuelle Savane) et creusent à la hâte des retranchements.
Du côté des Français, fatigue et déception se mêlent. Les renforts attendus ne sont pas là et les munitions presque épuisées.
Le jour suivant, la bataille fait rage.
Les Hollandais épuisés après un mois et demi de mer et une dure journée de combats vont se reposer sur l’esplanade (Savane). Dans les magasins attenants, ils trouvent des stocks de tafia (rhum), vins et autres boissons. Pendant ce temps, les Français décident d’abandonner le Fort. L’ennemi est 20 fois plus nombreux et le mieux semble de sauver ce qui peut l’être. En pleine nuit, ils rembarquent poudre, canons et munitions. Les Hollandais entendant du bruit venant du Fort, pensent qu’il s’agit de la préparation d’une nouvelle attaque. L’Amiral de Ruyter, lui-même blessé, fait ramener à la hâte, ses troupes à bord et met les voiles vers la Dominique avec toute sa flotte. Au petit jour, les deux belligérants ont déserté chacun de leur côté.
Cette improbable victoire française sera largement vantée par la France (tableau, gravures, médaille commémorative).
Le bilan de l’attaque fait néanmoins apparaître que les fortifications ne sont pas suffisantes pour repousser les assaillants. Les travaux reprennent donc avec le soutien royal.
A noter : Cette bataille a été surnommée tardivement « la bataille du Rhum » du fait du récit du père Labat, qui attribue au tafia (rhum) une large part dans la défaite des troupes ennemies.
LEXIQUE

(1) Flûte : Gros navire de transport de marchandises ou de munitions aux 17ème & 18ème siècles
(2) Milice royale : Deux types de défenseurs sont présents au Fort
– Les fantassins et artilleurs venus de France et des milices, bandes armées de colons
– La Marine Royale n’étant présente qu’en temps de guerre ou lors d’escales, sur le Fort.
Habits verts et rayures uniformes pour ces locataires arrivés sur site dans les années 1950… Qui sont-ils ?
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